Risques liés à la chaîne d’approvisionnement : comment survivre aux innombrables perturbations
Les risques sont omniprésents et très variés au sein du secteur de la production des aliments et des boissons. Et l’approvisionnement est sans doute exposé à plus de facteurs de risque que toute autre fonction d’affaires.
Épine dorsale de toute entreprise de transformation, la chaîne d’approvisionnement peut être perturbée par toutes sortes de choses, y compris des événements inattendus comme une pandémie mondiale ou des phénomènes météorologiques, des pénuries d’ingrédients ou de main-d’œuvre, la volatilité des prix, les coûts de transport et le mauvais fonctionnement des lignes de production dû à des équipements désuets.
Prendre conscience des risques
La manière dont les entreprises anticipent et gèrent ces risques peut influer sur leur réussite, explique Martin Gooch, directeur général et associé de Value Chain Management International (VCMI) [en anglais seulement].
VCMI aide les entreprises à mieux aligner les stratégies et les activités pour leur propre entreprise ainsi que pour les entreprises partenaires. VCMI utilise un processus qui vise à améliorer la visibilité et la transparence des risques.
Utiliser un outil de gestion du risque
La gestion du risque est multidimensionnelle, mais M. Gooch recommande de créer un outil de gestion du risque conçu expressément pour les chaînes d’approvisionnement. Les exploitants peuvent créer une grille où ils évaluent chaque risque en fonction de la probabilité qu’il se produise et de la gravité des dommages encourus si le risque se matérialisait, en déterminant un niveau de risque à ces deux paramètres selon une échelle simple (faible, moyen ou élevé). Cela permet d’obtenir rapidement un aperçu des plus grands risques auxquels est exposée l’entreprise et de potentiellement trouver des solutions avant qu’il soit trop tard.
La création d’une culture où les gens sont attentifs aux risques offre l’avantage potentiel de permettre aux exploitants de mieux comprendre leur entreprise, y compris la chaîne d’approvisionnement.
La création d’une culture où les gens sont attentifs aux risques offre l’avantage potentiel de permettre aux exploitants de mieux comprendre leur entreprise, y compris la chaîne d’approvisionnement.
« Dans bien des cas, cet exercice permet de mettre en évidence un risque qu’on ignorait jusque-là et qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour l’entreprise », explique M. Gooch.
Par exemple, VCMI a effectué ce que M. Gooch appelle une analyse ante mortem pour le compte de l’Ontario Produce Marketing Association.
VCMI a relevé les risques et a élaboré un processus de gestion avant que ces risques se matérialisent dans le but de réduire la probabilité que ces événements indésirables surviennent et d’atténuer leur impact advenant leur survenue. L’analyse ante mortem se trouve à l’étape 8 [en anglais seulement] du rapport rédigé pour le compte de l’Ontario Produce Marketing Association.
« Si une personne réfléchit de façon plus structurée et plus systématique au fonctionnement d’une entreprise et des chaînes d’approvisionnements dans laquelle l’entreprise évolue, elle considérera invariablement les risques et les moyens de les atténuer d’une manière également plus structurée », affirme M. Gooch.
Assurer le mouvement continu des produits
Selon Jean-Philippe Gervais, vice-président, Évaluation et Services économiques de FAC, trois mesures permettent aux fabricants d’aliments et de boissons de s’assurer que leur approche commerciale et leur installation de production sont adéquates pour prévenir toute interruption dans l’approvisionnement des produits.
1. Effectuer une vérification interne de l’équipement utilisé dans la chaîne de production
Une telle vérification aide à relever les risques de production avant qu’un problème survienne. Cette mesure est particulièrement importante pour les entreprises dont la production dépend d’équipement très spécialisé.
« Il n’est pas rare qu’une petite entreprise de transformation en démarrage achète de l’équipement de fournisseurs quelconques », explique M. Gervais. L’exploitant sait que l’équipement fonctionne parce que c’est lui qui l’a acheté et qu’il l’a installé, mais a-t-il un plan B si l’équipement cesse de fonctionner?
2. Être à l’affût des tendances et des nouveautés
Le progrès technologique dans le secteur de la transformation alimentaire s’est considérablement accéléré afin de répondre aux exigences des consommateurs et à leur appétit grandissant pour des aliments nouveaux et différents, ce qui nécessite davantage de solutions fondées sur des données. Assistez à des salons professionnels et lisez des revues spécialisées. Bref, demeurez à l’affût des tendances et des nouveautés dans votre secteur.
3. Bloquer des prix pour vos intrants et vos extrants
Négociez des contrats de prix à long terme avec vos clients et avec vos fournisseurs, recommande M. Gervais. Cette stratégie permet d’atténuer la volatilité des prix ainsi que l’incertitude entourant les prix.
« Les contrats de prix d’une durée de six mois ou d’un an procurent une certaine tranquillité d’esprit à l’exploitant, et des prix fixes lui permettent également de traiter plus facilement avec son banquier », poursuit M. Gervais. « Un exploitant qui a bloqué des prix pour ses intrants va tirer profit d’une plus grande marge de manœuvre s’il peut dire à son banquier ou à ses associés : “ J’ai de la certitude par rapport à ça ”. Cela rassure toutes les personnes impliquées dans l’entreprise », précise-t-il.
Les pénuries d’intrants forcent les exploitants à trouver des solutions
Le fondateur et président de Rebellion Brewing, Mark Heise, saisit bien l’importance de gérer le risque lié à la chaîne d’approvisionnement.
Son entreprise a dû composer simultanément avec une pénurie de miel, un ingrédient crucial qui entre dans la fabrication d’une de ses bières artisanales très recherchées, et une pénurie de canettes.
Après avoir été alerté à une pénurie imminente de canettes en lisant un article dans la presse d’affaires, M. Heise s’est mis à chercher un autre fournisseur.
« J’ai acheté une quantité incroyable de canettes pendant qu’il y en avait en stocks », raconte-t-il, accumulant une réserve de six mois plutôt que sa réserve habituelle d’un seul mois.
Quant à la pénurie de miel, la solution à court terme a consisté à trouver un nouveau fournisseur. À long terme, l’entreprise a élargi sa liste de fournisseurs pour tous les ingrédients dont elle a besoin et, dans certains cas, elle a conclu des contrats d’approvisionnement. Dans l’éventualité d’une sécheresse qui limiterait l’offre d’orge, Rebellion Brewing aura un fournisseur qui pourra l’approvisionner.
« Nous allons payer davantage pour de l’orge de moins bonne qualité, mais sans cette clause, on n’aurait pas de contrat », explique M. Heise, ajoutant que cela mettrait l’approvisionnement et toute l’entreprise en danger puisque l’orge est un ingrédient essentiel à la fabrication de leur bière.
M. Gervais souligne que le risque fait partie intégrante des activités normales de toute entreprise et que la solution, c’est la préparation.
« La gestion du risque ne consiste pas à éviter de prendre des risques, mais plutôt à atténuer les risques auxquels nous sommes exposés. »
En conclusion
Des risques guettent les fabricants d’aliments et de boissons à tous les tournants, particulièrement les risques liés aux chaînes d’approvisionnement. Prenez le temps d’évaluer les risques et de planifier en conséquence. Vérifiez l’état de votre équipement, demeurez à l’affût des tendances et des nouveautés dans votre secteur et, si possible, bloquez des prix pour gérer le risque.
Article par : Chris Powell
Idées et stratégies qui peuvent vous aider à recruter des employés qualifiés et consciencieux.