Démarrer une ferme de zéro : Conseils de producteurs de première génération
Si vous songez à démarrer une exploitation agricole à partir de zéro, mais souhaitez que quelqu’un vous raconte son parcours, ne cherchez pas plus loin. Les dirigeants de YR Ranch et de Lockwood Farms ont connu un grand succès en démarrant leur propre exploitation agricole tout à fait unique et vous proposent de bons conseils qui sauront vous donner de l’assurance.
YR Ranch
Quand Rod et Yvonne Mills ont acheté une terre dans le centre de l’Alberta il y a 18 ans, ils étaient à la recherche de grands espaces, pas d’un changement de carrière radical.
Tous deux occupaient un emploi en dehors de la ferme. Cependant, le vendeur était un éleveur de bisons, et les Mills ont décidé d’acheter huit bêtes dont le propriétaire précédent allait s’occuper. Au fil du temps, le couple a repris les tâches de la ferme, a agrandi le troupeau et s’est lancé dans l’élevage à temps plein. Aujourd’hui, les Mills possèdent 77 femelles reproductrices et 350 acres de terre.
Chaque année, ils ont appris quelque chose de nouveau, parfois facilement, d’autres fois moins. Un jour, alors que les Mills étaient en vacances, leur employé n’a pas pu couper le foin en raison d’un problème de santé. La récolte a été gâchée et ils ont dû acheter toute la nourriture pour les bisons.
« Si ce genre de situation arrive plusieurs fois, votre rentabilité est compromise », dit Rod.
Lors d’une vente aux enchères, ils ont acheté une presse à fourrage manuelle, un râteau andaineur et une faucheuse, mais ils se sont ensuite rendu compte que leur tracteur ne prenait pas en charge la presse à fourrage.
« Je regardais par la fenêtre de la cuisine, et la première balle que Rod a faite avait un diamètre de 30 centimètres, raconte Yvonne en riant. Sa deuxième balle avait le même diamètre. »
Ils ont donc appelé un voisin éleveur qui est venu leur montrer comment utiliser leur nouvel outil. Tout cela fait partie de l’aventure, disent-ils fièrement.
Autrefois éleveurs amateurs, les Mills sont aujourd’hui une référence en matière d’élevage de bisons en Alberta. Ils ont fait appel à plusieurs tiers pour les aider à devenir de meilleurs éleveurs. Yvonne s’investit activement dans des associations de producteurs, ce qui, selon le couple, a sans doute été le principal facteur de leur réussite.
Les congrès de l’industrie sont très enrichissants, parce qu’on y apprend toutes sortes de choses d’autres producteurs.
« Les congrès de l’industrie sont très enrichissants, parce qu’on y apprend toutes sortes de choses d’autres producteurs, dit Rod. C’est incroyable. »
Les Mills encouragent à leur tour les nouveaux agriculteurs à joindre des groupes de producteurs afin de faire progresser leurs connaissances.
Avant tout, les débutants doivent faire preuve de patience et étudier le marché. « Peu importe le type de production ou d ’élevage, vous devez savoir devez savoir qu’un marché existe, comment y accéder et quels sont les prix courants. Qu’allez-vous faire de votre produit une fois qu’il sera prêt à être vendu? »
De la même façon, soyez honnête quant à vos finances, poursuit Yvonne, qui reconnaît que les revenus d’appoint du couple l’ont beaucoup aidé à faire des achats importants au fil des ans. Il est possible d’apprendre à pratiquer l’agriculture, mais il est impossible de fonctionner sans liquidités.
« Il faut avoir un bon revenu et ne pas s’attendre à quitter son emploi pour devenir agriculteur du jour au lendemain », dit-elle.
Lockwood Farms
Cammy et James Lockwood désiraient se lancer en agriculture, mais ce n’était pas évident sur l’île de Vancouver, où les terres disponibles sont rares. Confrontés à la perspective de devoir quitter l’île pour faire avancer leur carrière — ce qu’ils ne voulaient pas faire —, ils ont choisi de donner une toute nouvelle dimension à leur passe-temps, le jardinage.
Après avoir fait l’acquisition d’une parcelle de terre de cinq acres, Cammy et James ont officiellement commencé à pratiquer l’agriculture en 2012. Ils produisaient quelques cultures fiables et sont devenus des habitués du marché fermier de Duncan. Souvent en contact direct avec les consommateurs, Cammy estime qu’il est essentiel de comprendre sa collectivité.
« La pratique de l’agriculture nous permet d’apporter tellement à notre milieu. Les gens aiment rencontrer en personne ceux et celles qui produisent les aliments qu’ils consomment. Cela nous montre l’importance de ce que nous faisons. »
Après trois ans de travail acharné, ils ont présenté avec succès une demande au titre du B.C. Egg New Producer Program (programme pour les nouveaux producteurs d’œufs de la Colombie-Britannique) et sont devenus des éleveurs de poulets sous gestion de l’offre en 2015. Ils avaient alors 3 000 volailles. Aujourd’hui, leur exploitation a doublé de taille. Pour Cammy, c’est ce qui a tout changé.
« C’était un moment de grand bonheur. Nous pouvions enfin pratiquer l’agriculture sans vivre dans la précarité. »
L’obtention de financement pour leur exploitation s’est avérée un défi de taille, car le concept de gestion de l’offre est méconnu dans cette région du pays. Le couple a eu des rencontres avec plusieurs banques et a même dû expliquer le fonctionnement du système de quotas. « En fin de compte, nous avons choisi une institution financière qui nous a présenté un plan », dit-elle.
L’époque où ils « gagnaient juste assez d’argent pour continuer » était maintenant révolue, et la charge de travail n’avait pas beaucoup changé, car ils étaient habitués à travailler de longues heures et à entretenir un jardin maraîcher, ce qu’ils font toujours.
Regrettant de ne pas avoir passé plus de temps avec ses enfants au début de cette aventure, Cammy réalise maintenant l’importance de prendre du recul et de déléguer des tâches. Tous les nouveaux agriculteurs devraient en faire une priorité, croit-elle. « Nous savons que nous sommes plus productifs si nous n’exécutons pas les tâches courantes. Bien qu’il soit très important de savoir tout faire, il faut aussi s’éloigner et nous détacher complètement; c’est vraiment ce qui nous fait avancer. »
« C’est ce que je trouve vraiment stimulant. Vous revenez avec de nouvelles idées, un regard neuf et un point de vue différent, ce qui vous permet d’apporter les changements nécessaires pour faire prospérer votre entreprise. »
Leçons tirées de l’expérience de nouveaux producteurs
Créez un plan d’affaires dès le départ et révisez-le quand des possibilités se présentent.
Apprenez à connaître votre marché local grâce aux membres de votre collectivité et aux personnes qui vous appuient.
Demandez à d’autres exploitants de partager leur expertise avec vous.
Faites vos recherches avant d’acheter.
Joignez-vous à des associations de producteurs.
Déléguez des tâches.
Faites appel à des conseillers indépendants pour qu’ils vous aident à planifier.
Examinez et actualisez régulièrement votre plan de gestion des risques – ne mettez pas la ferme en jeu.
Prévoyez des réunions de travail chaque semaine.
Sortez de la ferme pour donner et pour apprendre – qu’il s’agisse de faire la promotion de l’agriculture, de participer à des salons professionnels ou de vous joindre à des groupes de pairs; tout le monde y gagne.
Prenez une pause de vos activités professionnelles et trouvez du temps pour vous et votre famille – même si vous devez le prévoir dans votre plan d’affaires.
Pour obtenir des conseils et des ressources en vue de démarrer votre propre exploitation, consultez fac.ca/ProchaineGEN
D’après un article de l’AgriSuccès par Trevor Bacque.
Voici cinq conseils de gestion des risques liés à la chaîne d’approvisionnement à la ferme.