Deux questions pour mieux résoudre les problèmes
Pour résoudre les problèmes de façon efficace, il faut se poser les bonnes questions. Toutefois, parmi les questions les plus importantes, deux d’entre elles – « Et si? » et « Selon qui? » – requièrent du courage, car si vous les posez fréquemment, vous remettrez en question l’histoire et les traditions de votre ferme ainsi que le statu quo.
1. Et si?
Cette question met en évidence les failles dans nos plans et l’importance de parer aux éventualités. L’économiste Danny Klinefelter estime que tout plan devrait comporter un plan B et que chaque stratégie mise en œuvre devrait être assortie d’un plan de sortie. « Les meilleurs dirigeants investissent toujours du temps avant d’investir de l’argent. Ce qui les distingue des autres ne réside pas seulement dans la planification, mais bien dans la planification des mesures d’urgence. »
En nous posant la question « Et si? », nous créons des possibilités, ce qui mène à l’innovation.
Toutefois, la planification des mesures d’urgence n’est utile que si nous acceptons de voir la réalité en face.
Lorsque vous savez que des situations potentiellement dangereuses peuvent faire dérailler votre plan A, il vaut mieux prévoir un plan B. Bien que nous mettions à l’épreuve nos plans, nous avons tendance à nous limiter aux enjeux les plus probables et à négliger les obstacles, ou les « dragons », qui peuvent devenir un problème réel et important.
Se poser les bonnes questions
Il importe au début de nouveaux projets de prendre le temps d’envisager de façon réaliste toutes les hypothèses ainsi que les pires scénarios. Un prêteur m’a dit qu’il considérait ce processus comme un test de résistance aux chocs. En somme, il s’agit de l’abc de la gestion des risques.
M. Klinefelter affirme que l’erreur la plus fréquente des agriculteurs consiste à croire qu’ils ont prévu tous les scénarios possibles alors que leur analyse se limite aux scénarios courants, comme une baisse des revenus de 10 % à 25 %.
Bien entendu, s’attarder seulement aux aspects négatifs n’est pas plaisant. Cependant, il est primordial d’envisager ce qui peut mal tourner et vos options si cela se produisait. La planification du transfert et le perfectionnement de la relève, les conventions de rachat et les divers types d’assurances sont des exemples de moyens de vous assurer de vous poser des questions « Et si? » réalistes.
Questions à vous poser :
Et si…
… une baisse importante de production ou l’éclosion d’une maladie se produisait?
… un décès, un divorce, un événement entraînant une invalidité ou le départ d’un des propriétaires survenait?
… le prix des intrants doublait ou le prix des produits de base baissait de moitié?
… nous perdions un contrat ou un bail foncier?
Voir les possibilités
Les questions « Et si? » sont aussi utiles en affaires d’une tout autre façon. On pourrait dire que toute découverte ou innovation commence lorsque quelqu’un se demande « Et si? ».
Netflix a vu le jour quand quelqu’un a posé une question qui dérangeait : « Et si les entreprises de location de vidéos n’exigeaient plus de frais de retard? ».
Si vous êtes un dirigeant de votre entreprise agricole, voici un défi à relever : soumettez certaines de vos tâches quotidiennes ou annuelles à la question « Et si? ». Demandez ensuite à vos employés de faire de même. Pourquoi? Parce que la majorité d’entre nous n’est pas objective. Les psychologues appellent cette tendance sur le plan cognitif « biais de confirmation ».
Le Wall Street Journal révèle qu’une récente analyse d’études en psychologie, menées auprès de quelque 8 000 personnes, est arrivée à la conclusion que les gens sont deux fois plus enclins à chercher des informations qui confirment ce qu’ils croient plutôt que celles qui viendraient remettre en cause leurs croyances.
En nous posant la question « Et si? », nous créons des possibilités, ce qui mène à l’innovation. Nous savons que l’innovation constitue un aspect important de toute exploitation agricole en ce qu’elle constitue un moyen de se démarquer de la concurrence et d’assurer sa pérennité.
La question la plus importante à vous poser en affaires pourrait bien être « Et si? », puisqu’elle vous oblige à élaborer des plans d’urgence et vous aide à envisager de nouvelles possibilités.
2. Selon qui?
Un mentor m’a appris qu’il est d’une bonne habitude de toujours remettre en question les affirmations qui nous sont présentées. Par exemple, lorsque quelqu’un affirme qu’une chose « est impossible » à faire, je me demande toujours : « Selon qui? ».
Au début de 1954, le record mondial à l’épreuve de course sur un mille demeurait inchangé depuis plus d’une décennie, soit à 4 minutes et 1 seconde. Selon le site history.com, on considérait généralement qu’il était impossible de courir le mille en moins de quatre minutes. « Beaucoup jugeaient infranchissable cette barrière, et des dizaines de journaux médicaux déclaraient que le corps humain n’était tout simplement pas fait pour franchir cette barrière. »
Il n’est pas surprenant que de soi-disant experts soient arrivés à cette conclusion. Lorsque les générations se succèdent et que personne n’arrive à toucher la cible, il est normal de conclure qu’elle est inatteignable.
En 1954, le coureur et étudiant en médecine Roger Bannister savait ce que les experts médicaux avaient écrit au sujet de la barrière des quatre minutes. Essentiellement, il s’est demandé « Selon qui? », et il a simplement ignoré les experts. Au mois de mai de la même année, M. Bannister est devenu la première personne de l’histoire à parcourir le mille en moins de quatre minutes, soit 3 minutes et 59,6 secondes.
Le record de Roger Bannister est exceptionnel à d’autres égards. L’histoire raconte qu’il a fallu environ 1 000 ans à l’homme pour arriver à rompre cette barrière jugée insurmontable. En la brisant, M. Bannister a fait éclater une barrière imaginaire limitant tout le monde. La National Union of Track Statisticians indique qu’au cours des 60 années qui ont suivi l’exploit remarquable de M. Bannister, plus de 1 300 athlètes ont couru le mille en moins de quatre minutes, soit l’équivalent d’un athlète aux deux semaines ou presque.
Refuser le statu quo
Danny Klinefelter affirme que le meilleur avantage concurrentiel est tout à fait gratuit.
Selon lui, le meilleur avantage concurrentiel est d’apprendre et de s’adapter plus rapidement que nos concurrents par l’amélioration constante et le refus du statu quo.
On peine parfois à comprendre la vitesse à laquelle nos connaissances sur un sujet donné deviennent désuètes et inutiles. De la même manière, il est difficile de saisir le rythme du changement qui nous entoure. On peut comparer cela à un vol en avion. En regardant par le hublot à 40 000 pieds d’altitude, nous n’avons pas conscience du paysage qui change en bas à un rythme de 800 km/h.
Puisque le rythme du changement en agriculture est si rapide, tout principe de gestion mettant de l’avant le statu quo servira rapidement à gérer un univers qui n’existe déjà plus. En somme, les bonnes décisions que vous avez prises l’année dernière concernant vos cultures ne seront pas nécessairement les décisions qu’il faut prendre cette année.
Chacun prend ses décisions à sa manière. Mais y a-t-il des pratiques exemplaires que les agriculteurs peuvent adapter à leur situation particulière? Voici les points de vue d’un agriculteur, d’un expert-conseil et d’un professeur.