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La valeur des terres agricoles a augmenté au cours des six premiers mois de 2024, malgré les revenus en baisse et les taux d’intérêt élevés

2 oct. 2024
6,5 min de lecture

La valeur des terres agricoles cultivées au Canada a crû en moyenne de 5,5 % au premier semestre de 2024 (tableau 1). Entre juillet 2023 et juin 2024, l’augmentation a été de 9,6 %, ce qui représente un ralentissement par rapport à l’année précédente et s’explique probablement par le recul des prix des produits agricoles et les coûts d’emprunt élevés.

Pour la deuxième année consécutive, la Saskatchewan et le Québec ont enregistré les hausses moyennes sur six mois les plus élevées au pays, soit respectivement 7,4 % et 5,4 % (tableau 1). Les hausses observées au Nouveau-Brunswick, en Colombie-Britannique et en Alberta se situaient dans la même fourchette, à 5,2 %, 5,0 % et 4,6 %, respectivement. Le Manitoba a connu une progression de 3,9 %, suivi de près par la Nouvelle-Écosse, à 3,8 %. La valeur des terres a moins monté en Ontario, soit de 2,1 %, et l’Île-du-Prince-Édouard arrive en queue de peloton, avec 1,7 %.

Tableau 1 : Variation moyenne de la valeur des terres agricoles au cours des six premiers mois de 2024, par province

Le tableau 1 montre, par province, les augmentations moyennes de la valeur des terres agricoles cultivées au premier semestre 2024 ainsi que les hausses moyennes des deux périodes de 12 mois les plus récentes.

Source : Calculs de FAC

Évolution du rapport entre les taux d’intérêt, la rentabilité des exploitations agricoles et la valeur des terres agricoles

Les taux d’intérêt ont toujours une incidence déterminante sur les décisions d’investissement importantes. L’environnement économique des deux dernières années a été caractérisé par des taux d’intérêt élevés en raison d’une inflation persistante. La Banque du Canada (BdC) a récemment procédé à des réductions de son taux directeur. La première a eu lieu un peu moins d’un mois avant la fin de notre période d’analyse (du 1er janvier au 30 juin 2024). Les décisions de la BdC concernant les taux d’intérêt n’ont peut-être pas eu beaucoup d’incidence elles-mêmes, mais les attentes de baisse des taux d’intérêt pourraient avoir joué un rôle. À la fin du mois de janvier 2024, les marchés financiers tenaient pour acquis que la BdC commencerait à réduire les taux en juin. Ils s’attendaient alors à un recul de 1 % du taux directeur avant la fin de l’année. Ces attentes ont fait baisser les taux d’intérêt sur les marchés financiers, faisant diminuer légèrement les coûts d’emprunt.

Des taux d’intérêt moins élevés, tout comme les attentes de baisse des coûts d’emprunt, renforcent la volonté des acheteurs de payer, ce qui stimule la demande. Cependant, les revenus agricoles revêtent aussi de l’importance. Les coûts élevés des intrants réduisent les marges bénéficiaires, ce qui peut limiter la capacité des agriculteurs à investir dans de nouvelles terres et ainsi modérer la progression de la valeur des terres agricoles. À court terme, les fortes recettes monétaires agricoles enregistrées en 2023 (figure 1) ont probablement contribué à la croissance que nous constatons aujourd’hui. L’offre limitée de terres agricoles à vendre a aussi une incidence déterminante sur la valeur des terres agricoles.

Figure 1 : Recettes monétaires agricoles

La figure 1 illustre les recettes monétaires agricoles enregistrées de 2020 à 2023 ainsi que les recettes prévues pour 2024.

Sources : Statistique Canada, calculs de FAC

Tendances provinciales

En Colombie-Britannique, la valeur des terres agricoles a progressé de 5,0 %, et c’est la région Rivière de la Paix-Nord qui affiche la hausse la plus importante de la province. Les régions de l’Okanagan et de la Côte Sud enregistrent aussi des hausses de valeur. La moyenne provinciale est largement influencée par la région Rivière de la Paix-Nord, qui compte la majorité des terres arables de la province. Le plus récent taux de croissance moyen sur 12 mois a rebondi (+6,6 %) après la baisse observée sur les 12 mois précédents (-3,1 %).

En Alberta, la tendance est à la vente de parcelles plus petites, les propriétés de grande superficie étant divisées en groupes plus petits pour attirer davantage d’acheteurs. En outre, les transactions foncières prennent de plus en plus la forme de ventes privées, de ventes aux enchères en direct et d’offres scellées. Nous avons observé une hausse de 4,6 % de la valeur des terres au premier semestre de 2024, les augmentations les plus importantes ayant été observées dans le nord de la province.

En Saskatchewan, la valeur des terres agricoles ne cesse de progresser, ce qui place la province au premier rang national pour la hausse de la valeur des terres. De janvier à juin 2024, l’augmentation moyenne est de 7,4 %. Dans les régions du nord et du centre, la croissance frôle les 10 %, tandis que les régions du sud affichent des gains plus modestes, mais positifs.

Au Manitoba, la hausse de 3,9 % est principalement alimentée par la région de Westman, appuyée par celle de Parkland. Les autres régions se situent en dessous de la moyenne provinciale. Le Manitoba occupait un rang élevé dans le rapport Valeur des terres agricoles 2023 et pour la croissance d’une année sur l’autre, mais au premier semestre de 2024, il a reculé au sixième rang à l’échelle nationale.

En Ontario, les terres agricoles de haute qualité restent en demande et se vendent bien, tandis que les terres de qualité moyenne ou inférieure peinent à attirer les acheteurs ou se vendent moins cher. La région Centre-Ouest a connu la plus forte hausse de valeur, pendant que la région Mid-Ouest faisait du surplace. Dans l’ensemble, la valeur des terres agricoles est stable en Ontario, et les variations mineures observées dans la plupart des régions se traduisent par une croissance moyenne provinciale de 2,1 % pour les six premiers mois de 2024.

Au Québec, la hausse de la valeur des terres est beaucoup moins prononcée qu’au cours des dernières années en raison de la pression économique exercée par la montée des taux d’intérêt et le déclin des prix des produits agricoles. Néanmoins, le Québec se classe au deuxième rang au pays pour la hausse de la valeur des terres dans les six premiers mois de 2024. Le taux calculé de 5,4 % frôle la moyenne nationale de 5,5 %. La hausse enregistrée dans la province est principalement attribuable aux régions centrales de la province (Mauricie-Portneuf, Centre-du-Québec et Chaudière-Appalaches). Cette forte progression est toutefois contrebalancée par une augmentation seulement modeste dans les régions où la valeur à l’acre des terres agricoles est la plus élevée (Montérégie et Laurentides-Lanaudière).

À l’instar du Québec, le Nouveau-Brunswick affiche un taux qui approche de la moyenne nationale (5,2 %). Le marché des terres propices à la production de pommes de terre y est restreint, et les grandes exploitations achètent des terres à des prix records. La Nouvelle-Écosse continue d’attirer quelques acheteurs de l’extérieur de la province, mais la migration interprovinciale a ralenti. De janvier à juin, la hausse enregistrée en Nouvelle-Écosse a été de 3,8 %. L’Île-du-Prince-Édouard a connu des variations minimes et affiche une hausse de la valeur des terres agricoles de 1,7 %.

Sommaire

Si l’on compare les chiffres de 2024 avec ceux de la période de 12 mois la plus récente et du rapport Valeur des terres agricoles 2023, on constate clairement une légère décélération de la progression de la valeur des terres agricoles à l’échelle nationale. Les réductions récentes du taux directeur et celles qu’on anticipe d’ici la fin de l’année 2024 (deux baisses de 0,25 %) et en 2025 (cinq baisses totalisant 1,25 %) devraient favoriser les évaluations des terres agricoles pour les acheteurs. Malgré tout, les revenus agricoles devraient rester très serrés, car les prix des produits agricoles ne montrent aucun signe de rebond. Vous pourrez consulter dans notre rapport annuel 2024, qui sera publié en mars 2025, une analyse régionale détaillée de la valeur des terres agricoles.

Article par : Corbin Chau, analyste de données, Évaluation