Principales tendances économiques de 2019 : la demande croissante pourrait se traduire par des gains pour les protéines
À quoi vous attendez-vous pour 2019? Tout au long du mois de janvier, nous présenterons cinq articles de blogue qui se penchent sur les principales tendances économiques susceptibles d’influer sur le secteur agroalimentaire canadien cette année.
Si les perspectives de demande pour l’année 2019 sont risquées pour certaines cultures en raison de l’incertitude qui plane sur les marchés agricoles internationaux, ce n’est pas le cas pour tous les marchés des protéines. Les protéines sont à la fois savoureuses et essentielles à une alimentation saine. La croissance des marchés des protéines pourrait être une lueur d’espoir en cette année où l’on s’attend à une production accrue.
Principales tendances économiques de 2019 : la demande croissante pourrait se traduire par des gains pour les protéines
Les consommateurs ne peuvent consommer une variété de protéines que lorsqu’ils en ont les moyens. Les populations des pays les moins avancés, surtout les enfants, consomment la plus petite quantité de protéines comparativement au reste de la planète – les pays industrialisés affichant la plus importante consommation à ce chapitre.
Cet écart explique la montée, parfois fulgurante, de la consommation de protéines animales dans les marchés émergents, où les revenus affichent la plus forte croissance. À titre d’exemple, de 2012 à 2017, les importations chinoises de protéines animales ont augmenté ainsi : les importations totales de viande ont grimpé de 131 %, passant de 4 milliards de dollars américains à près de 9,5 milliards, pendant que les importations totales de poisson ont augmenté de 47 %, passant de 5,5 milliards de dollars américains à un peu plus de 8 milliards, alors que les importations de produits laitiers sont passées de 3,2 milliards de dollars américains à 5,1 milliards.
Les marchés nord-américains de la viande restent en bonne posture
Si la consommation de protéines animales a atteint un certain degré de maturité, elle a contribué à ralentir la croissance du taux de consommation par habitant au cours de la dernière décennie. Elle s’annonce toutefois sur la bonne voie pour 2019. Selon les Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO pour 2018-2027 on prévoit une croissance de 15 % de la consommation mondiale de viande et de poisson d’ici 2027. Ces prévisions s’expliquent en partie par l’accroissement de la population, mais la Chine et l’Inde continueront d’enregistrer une forte croissance du taux de consommation de protéines par habitant pendant la période prévue, notamment en raison de l’augmentation des revenus familiaux.
Les bas prix ont contribué à maintenir la hausse du taux de consommation de viande par habitant dans les pays industrialisés aussi, et l’on s’attend à ce que ces prix produisent d’ici 2027 la plus importante augmentation – à l’échelle mondiale – de la consommation globale de viande par habitant (en gains absolus). Et au Canada tout particulièrement, la consommation alimentaire (mesurée en fonction de la disponibilité des aliments) démontre une nette préférence des consommateurs pour les protéines dans l’ensemble, et que celles-ci se classent en tête des aliments produisant les plus importants taux de croissance depuis les cinq dernières années.
Tableau 1 : Sources de protéines qui représentent 4 des 5 aliments affichant les hausses les plus importantes (mesurées en fonction de la disponibilité pour les Canadiens) de 2012 à 2017
Aliments | 2008 Kg/personne | 2012 Kg/personne | 2017 Kg/personne | 2008-2017 | 2012-2017 |
---|---|---|---|---|---|
Œufs | 11,53 | 12,34 | 14,37 | 24,6% | 16,5% |
Légumineuses | 5,72 | 5,26 | 6,12 | 7,0% | 16,3% |
Poisson | 7,21 | 7,95 | 8,71 | 20,8% | 9,6% |
Collations | 16,02 | 15,66 | 16,61 | 3,7% | 6,1% |
Produits laitiers | 38,71 | 36,2 | 37,08 | -4,2% | 2,4% |
Sucres, miel | 63,14 | 60,11 | 61,31 | -2,9% | 2,0% |
Fruits | 204,77 | 209,5 | 210,52 | 2,8% | 0,5% |
Graisses et huiles | 55,18 | 54,93 | 54,99 | -0,3% | 0,1% |
Viande | 325,93 | 308,16 | 302,15 | -7,3% | -2,0% |
Alcool | 194,17 | 190,74 | 183,44 | -5,5% | -3,8% |
Grains et produits à base de grains | 79,42 | 76,29 | 72,83 | -8,3% | -4,5% |
Produits laitiers liquides* | 108,83 | 104,31 | 95,19 | -12,5% | -8,7% |
Légumes | 389,23 | 417,92 | 380,21 | -2,3% | -9,0% |
Jus | 68,13 | 58,03 | 48,63 | -28,6% | -16,2% |
Boissons | 97,07 | 87,06 | 66,27 | -31,7% | -23,9% |
* Produits laitiers liquides (mesure en litres/personne/année)
Source : Statistique Canada, Tableau : 32-10-0054-01 (anciennement CANSIM 002-0011)
La baisse de disponibilité de la viande s’est atténuée dernièrement, ce qui illustre une tendance sous-jacente des prévisions de la USDA, qui prévoit une croissance de l’ordre de 3,6 % du taux de consommation de protéines par habitant en Amérique du Nord pour 2019.
Que faut-il retenir de tout cela?
L’appétit pour différents types de protéines a donné un élan au complexe protéique végétal, qui représente maintenant une force motrice de l’industrie alimentaire au Canada. Cet appétit, combiné à l’engouement renouvelé pour la viande, pourrait bien faire en sorte que les producteurs canadiens de protéines connaissent une bonne année en 2019.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.